Chez Myl’ Ô Vent, nous trouvons logique que les ouvrages pour enfants soient adaptés à l’âge et aux préoccupation des enfants, et notamment des bébés.
Vous aussi ?
Parfait !
« Ne pleure pas Jeannette », « Au clair de la lune », « À la claire fontaine », vous les avez sûrement toutes chantées à votre ou vos enfants. Peut-être bien qu’après cet article, vous changerez d’avis …
Ces charmantes chansons « pour enfants » sont loin d’être aussi gentillettes et mièvres qu’elles en ont l’air… Lorsque dans ces comptines et chansonnettes pour « enfants » on parle de blancs mouton, de bougie, d’un petit qui danse, de lauriers -sur un air joyeux – sachez simplement que lorsqu’elles ont été écrites, ces ritournelles n’avaient pas la même signification qu’aujourd’hui.
Prenons par exemple « Au clair de la lune ».
Vous croyez qu’il s’agit d’un gentil garçon à la recherche d’une plume et de lumière ? Que nenni ! Cette comptine popularisée en 1820 serait à l’origine une chanson militaire. Elle parlerait de la virginité perdue ou supposée perdue d’une femme d’un certain âge. Savez-vous ce que « battre le briquet » signifiait à cette époque ? Battre le briquet = « s’envoyer en l’air » et « l’aimable Lubin » du 3è couplet était un moine dépravé du XVIe siècle – regardons la Ballade de frère Lubin, de Clément Marot, poète du XVIe siècle. Dans ce poème, le frère Lubin est un moine au comportement pas très catholique qui confond allègrement le bien d’autrui avec le sien et qui n’hésite pas à « débaucher par un doux style, quelques fille de bon maintien » – … Alors on vous laisse imaginer ce qu’il se passe lorsque « la porte sur eux se ferma » au quatrième couplet.
Vous commencez à comprendre ce que nous voulons dire ?
Continuons, et voyons de quoi il retourne …
Petites précisions pour « Nous n’irons plus aux bois » :
Deux clans se disputent son origine.
- Pour certains ce ne serait pas sous Louis XIV mais sous Saint Louis que ce texte aurait été pondu (toujours pour le même motif : avoir rasé les bicoques des gentilles demoiselles) ; On reconnaissait ces maisons aux lauriers accrochés à leurs façades.
- La favorite de Louis XV, Madame de Pompadour, aurait fait évoluer ce texte pour en faire une ronde lors du Noël de 1753.
Vous êtes toujours tentés de fredonner ces charmantes ritournelles
à vos enfants et à ceux des autres ?
Oui ?
Alors poursuivons…
- selon les historiens – la célèbre chanson « Une souris verte » ferait référence à un soldat vendéen (soldats qu’on appelait à l’époque « les souris « ) qui aurait été traqué par les soldats républicains pendant la Guerre de Vendée (1793-1795) puis torturé de façon atroce puisqu’il fut plongé dans l’eau et l’huile bouillante.
- « Le petit navire » qui, lui, parle de… cannibalisme, « La pêche aux moules » de viol et que beaucoup de refrains gaiement repris en choeur prédisent une mort certaine aux enfants qui n’obéiront pas à leurs parents. Quoi de plus enchanteur ?
Toujours pas convaincus ?
- La phrase « Il court il court le furet » est une magnifique contrepèterie. Cette chanson a une toute autre signification quand on remet certaines lettres à leur place (Il fourre il fourre le curé). « Il est passé par ici, il repassera par là… le furet du bois Mesdames ». Cette chansons est également anticléricale car elle désigne le cardinal Dubois, principal ministre d’État, dont les mœurs étaient réputées très légères.
- « A la Claire fontaine », chanson traditionnelle du XVIIIe siècle, parle en fait de la colère d’un jeune homme repoussé par sa bien-aimée à qui il a refusé…un cunnilingus !
J’ai perdu mon amie
Sans l’avoir mérité
Pour un bouquet de roses
Que je lui refusai… » - Dans « Il était une Bergère », lorsqu’il est dit : « laisser le chat aller au fromage » en ancien français cela signifie : « perdre sa virginité avant le mariage ». On comprend mieux pourquoi en pénitence du meurtre du chaton, le curé demande un baiser à la bergère… qui ne pense qu’à recommencer.
Myl’ Ô Vent a donc décidé de proposer des alternatives aux comptines et jeux de doigts traditionnels, afin de répondre au développement de l’enfant en, bas-âge de nos temps modernes en éditant des comptines et jeux de doigts originales, sur des album-dvd ou albums simples, tout-cartons, adaptés à la taille des mains des tout-petits afin qu’ils puissent aisément les manipuler, et aux illustrations colorées et qui suscite l’imaginaire du tout-petit.


Sources :
- Dico des injures oubliées – Librio
- LA CHANSON PAILLARDE – épisode 1 : innocentes chansons
- Jean Petit qui danse : Agoravox – Jean petit qui danse : une chanson pour enfant, qui ne devrait pas l’être…
- Nous n’irons plus aux bois
- Le Point – Versailles classé X
- Bindset – Louis 14
- Il pleut il pleut bergère : RTBF – « Il pleut, il pleut bergère », chanson révolutionnaire
- À la claire fontaine : CNDP – Aux origines de « À la claire fontaine »
- Le plus nouvel obs : Ces comptines que vous n’oserez plus chanter a vos enfants
- Ce qu’on entend dans les chansons – Des berceuses aux grands succès du répertoire – Serge Hureau, Olivier Hussenet, Ed. Points, Collection Le Goût des mots-
Dessins de Caroline Guillot
Illustrations Marie-Pierre Émorine pour « Pluie d’animaux »